La prothèse de genou (Dossier complet)
Représentant une crainte pour certaines personnes, un soulagement pour d’autres, la prothèse de genou demeure l’objet de nombreuses questions….
A partir de quand doit on envisager le placement d’un prothèse de genou ? Quels sont les étapes de l’intervention chirurgicale ? Quelle est la durée de vie d’une prothèse de genou ? Pourrais je marcher à nouveau après cette intervention ? Combien de temps dure la rééducation ? Quels sont les activités que je ne pourrai plus réaliser après cette intervention ? Quels sont les sports conseillés ? etc….
Tant de questions et d’interrogations, dont je vais tenter de répondre….
Avant toute chose, sachez que lorsque le traitement conservateur ne fonctionne plus (voir l’article : L’arthrose du genou), il est grand temps d’envisager l’intervention chirurgicale.
Cependant, cette intervention n’est pas anodine, il me semble donc justifié de vous éclairer sur certains points afin de vous aider à prendre une décision en connaissance de cause.
– Avant l’intervention –
Il est important de préparer la musculature, les autres articulations sus et sous-jacentes ainsi que la condition physique générale.
Le plus souvent, les chirurgiens orthopédistes conseillent à leurs patients de réaliser quelques séances de kinésithérapie pour préparer le corps à l’intervention chirurgicale. Le travail kinésithérapeutique consistera (notamment) à augmenter le capital musculaire, la souplesse articulaire et maintenir le système cardiovasculaire dans de bonnes conditions afin que votre récupération (et donc votre autonomie) soit retrouvée le plus rapidement et le mieux possible.
En effet, l’intervention chirurgicale va induire une diminution transitoire de l’autonomie ayant pour conséquences :
- Une diminution brutale de la musculature érectrice (quadriceps, grand fessier, triceps sural,…) participant – entre autre – à la stabilité de l’articulation.
- Une diminution de l’amplitude articulaire suite à des contractures réflexes des muscles postérieurs et internes de la cuisse et de la jambe (ischios jambiers, triceps sural, adducteurs …).
- Une diminution progressive de la condition physique, puisque le périmètre de marche est brutalement diminué.
– L’intervention chirurgicale –
Quelle prothèse ?

La prothèse totale de genou (PTG) à gauche et la prothèse unicompartimentale (PUC) à droite. (Source : ortho-info.com).
En fonction des clichés apportés par l’imagerie médicale il sera décidé, (avant l’intervention) si le chirurgien orthopédiste doit remplacer :
→ Seulement le compartiment interne du genou, on parle de prothèse unicompartimentale (PUC). Ce type de prothèse est placée chez les patients ayant une morphologie de type « varum ».
→ La totalité de l’articulation du genou (c’est à dire le compartiment interne, le compartiment externe et la face postérieure de la rotule), on parle de prothèse totale de genou (PTG). Ce type de prothèse est placée chez les patients ayant une morphologie en « valgum » (communément appelée genoux en « X »), ou lorsque les 2 compartiments sont attaqués par l’érosion ou plusieurs années après la mise en place d’une PUC.
La prothèse totale de genou (PTG)

Composants d’une prothèse totale de genou (PTG) – (Source: Medacta international)
La prothèse est constituée de 3 éléments :
- La partie fémorale est en acier inoxydable, elle remplacera le compartiment interne et externe de la partie inférieure du fémur. Cette partie est non cimentée, elle est mise en place par impaction, dans le fémur.
- La partie tibia est métallique (Chrome, Cobalt), elle remplacera quant à elle la partie supérieure du tibia. Cette partie est cimentée au tibia.
- Les ménisques (= l’insert tibial) sont remplacés par une pièce en polyéthylène qui surplombe la partie métallique de la prothèse tibiale. Il s’agit d’un plateau rotatoire minant les mouvements de translations et de rotations d’un genou « naturel ».
(La partie rotulienne est également en polyéthylène. En fonction de l’usure et de l’érosion de celle-ci, le chirurgien peut choisir de la remplacer ou non).
Le déroulement de l’intervention chirurgicale
L’intervention chirurgicale pour la mise en place d’une prothèse de genou dure en moyenne 2 heures. Cette intervention consistera à remplacer la ou les parties de l’articulation abimées par l’usure et l’érosion.
L’intervention chirurgicale se fera en plusieurs étapes :
- Incision de la peau sur une longueur de 10 à 12 cm.
- Incision des éléments sous-cutanée (aponévroses, petits nerfs sensitifs de la peau, …)
- Luxation de la rotule latéralement afin de libérer aisément non seulement l’articulation fémoro-tibiale mais également apprécier la face postérieure de la rotule (érosion ou usure également ?)
- Résection des ostéophytes puis préparation du fémur et du tibia (par découpes) au moyen de guides en résines, préparés avant l’intervention.
- Mise en place de la prothèse tibiale (cimentée), du plateau rotatoire puis mise en place de la prothèse fémorale (fixée par impaction).
- Vérification de la bonne congruence des éléments entre eux, et du respect de la biomécanique de l’articulation.
- Mise en place de 2 drains
- Fermeture du plan sous cutané avec des fils resorbables et du plan cutané par des fils ou agrafes.
– Après l’intervention –
Vous serez transféré en salle de réveil où une machine à mobilisation passive continue (= Kinetec) vous sera installée, afin que votre genou soit mobilisé de manière précoce. Vous serez également munis de 2 drains afin de collecter l’excès de sang non aspiré, durant l’intervention chirurgicale.
Attention ! Le drain ne devra pas être retiré trop tôt, sous peine de ralentir la vitesse de récupération de l’amplitude articulaire (passive) suite à l’accumulation de sang non évacué responsable de la formation d’un hématome.
Pour des raisons économiques, les durées d’hospitalisation sont fixées à 4 jours.
A l’issue de ces 4 jours, vous aurez le choix :
- De rentrer à votre domicile et de suivre une rééducation intensive avec un kinésithérapeute spécialisé en revalidation orthopédique. Votre chirurgien orthopédiste vous recevra après 10 jours afin de retirer les points et les agrafes et suivre l’évolution de votre récupération au moyen d’imagerie médicale de contrôle et grâce à son examen clinique.
- D’aller dans un service de revalidation où vous serez suivi de manière biquotidienne par une équipe pluridisciplinaire (médecins revalidateurs, kinésithérapeutes et ergothérapeutes).
MON AVIS
Par mon expérience au sein d’un service de revalidation orthopédique, pendant 3 ans, ainsi que mon expérience en cabinet médical privé depuis 5 ans, je vous encourage à rester un minimum de 2 semaines au sein d’un service de revalidation si vous habitez seul(e) ou si vous disposez de peu d’aide, lors de votre retour à domicile. Une fois votre sortie de l’hôpital, après une revalidation, vous pouvez être suivi par un kinésithérapeute spécialisé en revalidation orthopédique pour continuer à progresser dans votre rééducation et améliorer votre autonomie.
Quelles sont les activités que je peux faire après la mise en place d’une prothèse de genou ?
Il y a peu de contre indications en ce qui concerne les activités physiques que vous ne pouvez pas réaliser. Gardez simplement à l’esprit que votre prothèse est en métal (principalement) et que par conséquent, elle n’absorbera pas les chocs comme le ferait un os spongieuse. Par ailleurs, la prothèse de genou a un axe physiologique qui lui est propre, le fait de modifier cet axe provoquera bien entendu de la douleur.
Les risques demeurent non négligeables puisque la prothèse peut :
- Se désolidariser de l’os (on parle de descellement),
- Se fracturer (plus rare puisqu’elle est en métal, mais possible),
- S’user plus rapidement au niveau du polyéthylène puisqu’il est sollicité de manière plus importante dans certains sports.
Ci dessous, vous trouverez une liste non exhaustive des sports autorisés lorsque vous avez une prothèse de genou. Les sports « contrôlés » ne peuvent être pratiqués qu’en cas de bonne stabilité de l’articulation au niveau musculaire et ligamentaire. Par ailleurs, ils doivent être pratiqués de manière modérée.

Source : Orthopale.com
Quelle est la durée de vie d’une prothèse de genou ?
La prothèse s’use en moyenne en 15 à 20 ans. Notons qu’en fonction de votre activité quotidienne et professionnelle non sportive, la durée de la prothèse peut être différente d’un individu à l’autre.
Il est bien entendu évident que la révision de la prothèse se fera plus rapidement chez un patient ayant eu une prothèse jeune (autour de 55 ans) compte tenu de sa condition de vie beaucoup plus active qu’un individu d’âge avancé.
– Conclusion –
L’intervention chirurgicale consistant à remplacer l’articulation du genou n’est pas une fatalité. Le but de celle-ci aura pour objectif :
✓ Une diminution de la symptomatologie douloureuse
✓ Une augmentation du périmètre de marche
✓ Une amélioration de la force musculaire et de l’amplitude articulaire.
Sachez que le succès (total) de cette intervention repose également sur l’acceptation de cette nouvelle articulation, dans votre schéma corporel.
Il n’est pas utile de se précipiter pour une intervention, alors que ce n’est pas votre souhait le plus profond.
N’hésitez pas à vous renseigner auprès de sources fiables afin de vous rassurer et prendre la meilleure décision pour vous, en connaissance de cause.
Pour votre information, voici une vidéo 3D permettant de mieux comprendre les étapes de l’intervention chirurgicale. N’hésitez pas à la visionner à plusieurs reprises ou me contacter si vous souhaitez de plus amples précisions.
SIDIBE Mariam – Kinésithérapeute – Spécialisée en revalidation orthopédique – All right reserved