La prothèse de hanche

Chaque année, près de 20 500 prothèses de hanche sont posées en Belgique. Bien qu’un certain nombre d’activités ne seront plus possibles à pratiquer suite à cette intervention, mais elle permettra de diminuer significativement la symptomatologie douloureuse et améliorer le périmètre de marche. 

Comment se passe l’intervention chirurgicale consistant à mettre en place une prothèse de hanche ? Quels sont les conséquences après cette intervention ? Quelles activités pourrais-je pratiquer après ? Et dans quels délais ? Voici les questions incontournables auxquelles je vais tenter de répondre. 

 

Etapes pour la mise en place d’une prothèse de hanche oration de la prothèse de hanche. Source : Site du Docteur Serhal

 

– Contexte –

L’arthrose de hanche (également appelée coxarthrose) est un phénomène progressif lié à une usure du cartilage enrobant les deux os mis en jeu dans la constitution de l’articulation : Le fémur et le cotyle de l’os coxal (au niveau du bassin).

L’arthrose de hanche nécessitant la mise en place d’une prothèse totale de hanche lorsque l’articulation ne répond plus au traitement conservateur.
Source: Site du Docteur Gregory Roch

À un stade d’arthrose débutante, lorsqu’il subsiste toujours du cartilage recouvrant les surfaces articulaires au niveau du cotyle et au niveau de la tête du fémur – et que l’inflammation n’est pas très importante – le chirurgien peut proposer un traitement conservateur. Ce traitement consistera en des injections d’acide hyaluronique, d’anti-inflammatoires mais également de la kinésithérapie afin d’entretenir la lubrification de l’articulation et limiter la progression de l’arthrose.

Une proposition pour une intervention chirurgicale sera abordée, à un stade d’arthrose intermédiaire ou avancée, lorsque le traitement conservateur ne sera plus efficace. En effet, à ce stade, les limitations d’amplitudes articulaires, la douleur nocturne et diurne, ainsi que la diminution du périmètre de marche, sont des indicateurs qui doivent favoriser une prise de décision positive en faveur de l’intervention chirurgicale.

– Avant l’opération –

Comme pour toute intervention chirurgicale prévue, il est nécessaire de préparer son organisme.

Dans le cadre de la mise en place d’une prothèse de hanche, une préparation cardiovasculaire (vélo, tapis de marche, elliptique, natation,…) ainsi qu’un travail de mobilisation articulaire et musculaire est nécessaire.

Le kinésithérapeute spécialisé en revalidation orthopédique, devra impérativement tonifier la musculaire érectrice ainsi que les muscles sectionnés ou étirés de longues heures pendant l’intervention chirurgicale.

La qualité ainsi que la rapidité de votre récupération, sera directement en lien avec votre préparation avant l’intervention.

– L’opération chirurgicale –

L’intervention chirurgicale consiste à remplacer les surfaces articulaires usées par des implants prothétiques. Ces implants peuvent être de différentes matières (Métallique = Titane ou chrome cobalt, polyéthylène ou céramique). Le choix de l’implant dépendra de l’utilisation supposée du membre inférieur opéré, après l’intervention.

La prothèse est constituée de 4 éléments :

Le cotyle : En deux partie et ayant la forme d’une demie sphère en métal (généralement en titane), elle est fixée dans la cavité cotyloïdienne, par des vis ou du ciment, au niveau de l’os coxal. Elle s’accompagne d’un implant en polyéthylène s’articulant à la tête laquelle est fixée sur la tige fémorale.

La tête : Enchassée dans la tige fémorale, elle s’articule avec le cotyle.

Le col : Il permet, dans le cas où il constitue une partie distincte par rapport à la tige fémorale, d’effectuer des corrections d’axes anatomiques, corriger une différence de longueur de jambe, …

La tige fémorale : s’insère dans le corps du fémur. Elle peut être en titane, en acier ou en chrome cobalt.

Pour accéder à l’articulation coxo-femorale et la remplacer, le chirurgien a la possibilité d’utiliser différentes voies de passages, nous aborderons les 2 principales voies d’abord, que sont la voie postérieure et la voie antérieure.

Notons qu’en fonction de votre âge, de l’aisance du chirurgien pour une technique, des risques per-opératoire, le chirurgien choisira une voie d’abord plutôt qu’une autre.

L’intervention chirurgicale dure en moyenne 1h30.

Les voies d’abords  :

◊  La voie postérieure :

Egalement appelée la voie postéro-externe, cette voie de passage permet au chirurgien d’avoir un aperçu dégagé de l’articulation coxo-fémorale. Cette technique est par ailleurs, la plus simple à exécuter.

Lors de l’intervention, vous serez positionné sur le côté. Une incision de la peau, d’environ une vingtaine de centimètres, permettant d’arriver aux plans suivants.

Durant son avancée, l’orthopédiste incisera successivement, l’aponévrose du muscle tenseur du fascia lata, le muscle moyen fessier (muscles clés dans la stabilisation de la hanche), les muscles pervitrochantériens et écartera le muscle grand fessier. L’incision de ces muscles engendrera, bien évidemment,  une instabilité de l’arthroplastie, à moyen et long terme. Cette instabilité sera d’autant plus importante s’il existe un déficit de force au niveau de ces muscles avant l’intervention,  d’où l’importance d’un travail préopératoire.

Dans le cadre d’une intervention par voie postérieure, un certain nombre de positions sont proscrites pour éviter tout risque de luxation. Par exemple : Il vous sera formellement demandé de ne plus croiser les jambes, faire des mouvements de rotations opposés à la hanche opérée, de vous mettre accroupi,… ces mouvements étant qualifiés de mouvements « luxants ».

◊  La voie antérieure (mini invasive)

Egalement appelée, la voie de Hueter, cette voie de passage se situe au niveau de la partie avant de l’articulation coxo-fémorale, à hauteur de l’aine.

Pour cette intervention, vous serez installé sur le dos, cela exige pour le chirurgien, l’utilisation d’une table de chirurgie particulière. L’incision sera plus petite que celle en voie postérieure. Elle mesurera une douzaine de centimètres.

Durant cette intervention, le chirurgien ne sectionnera aucun muscle. Il se contentera d’écarter les structures musculaires (psoas, quadriceps,…) pour arriver enfin à la capsule articulaire, manchon fibreux entourant la tête et le col du fémur.

La difficulté la plus importante à ce stade, pour le chirurgien, reposera sur sa précision et sa minutie, afin de ne pas altérer les vaisseaux sanguins et les nerfs. On pense notamment au nerf fémoro-cutanée responsable de l’innervation sensitive de la face antéro-externe de la cuisse.

Notez que ce type d’intervention permet de retrouver son autonomie rapidement puisqu’aucun muscle n’a été incisé. Par ailleurs, aucune précaution (à de rares exceptions près) n’est appliquée. Seuls les mouvements de type, fentes avant avec une rotation externe du membre inférieur ne sont pas conseillés, durant les premiers mots après l’intervention, afin de ne pas léser les sutures fermant la capsule articulaire, laquelle a été abordée par l’avant. Vous conviendrez que ce type de mouvement luxant n’est pas courant, dans la vie de tous les jours… On le retrouve dans une posture en Pilates ( = La posture de la guerrière).

– Après l’opération –

La rééducation et la reprise de la conduite

En fonction de la voie d’abord, la rééducation ainsi que la récupération seront plus ou moins rapides.

Le travail en kinésithérapie aura pour objectifs d’améliorer votre souplesse, votre musculature et bien entendu vous donner des conseils afin éviter tout risques de luxation ou d’attitude pouvant limiter la durée de vie de votre prothèse.

Nous savons maintenant que l’intervention nécessitant le passage par la voie postérieure aura pour conséquences une rééducation beaucoup plus longue puisque des muscles clés participant non seulement à la stabilisation de la hanche mais aussi à la propulsion lors de la marche, ont été incisés puis recousus.

A contrario, l’usage de la voie de passage antérieure, assure au patient une rééducation beaucoup plus rapide et l’abandon des 2 béquilles plus précocement (= généralement après 2 à 3 jours). La marche avec 1 béquille se fera sur 3 semaines. Par ailleurs, la reprise de la conduite sera possible, après 3 à 4 semaines, après l’accord du chirurgien.

La reprise de l’activité sportive

La reprise du sport se fera à partir de 6 à 8 semaines pour une voie antérieure, le temps pour vous de retrouver un bon contrôle de la musculature, ainsi que vos capacités cardio-vasculaires. Bien entendu, elle se fera de manière progressive. Les sports à impacts ainsi qu’à pivots seront possibles, à certaines conditions, dans une période beaucoup plus avancée de votre récupération.

Après une intervention en voie postérieure, la reprise du sport sera également plus longue, par ailleurs nous serons beaucoup plus exigeants puisque des muscles clés ont été sectionnés puis recousus.

Pour votre information, vous trouverez ci après, une vidéo 3D expliquant la mise en place d’une prothèse totale de hanche (par voie antérieure).

SIDIBE Mariam – Kinésithérapeute – Spécialisée en revalidation orthopédique – All right reserved