La prothèse d’épaule
– Contexte –
Alternative nécessaire lorsque les douleurs au niveau de l’épaule, liées à l’arthrose, sont de plus en plus importantes et invalidantes… La prothèse d’épaule demeure la meilleure solution lorsque le traitement conservateur, de première intention n’est plus efficace.
Quels sont les étapes de l’intervention chirurgicale ? Quelle est la durée de vie d’une prothèse d’épaule ? Pourrais-je utiliser à nouveau mon bras après cette intervention ? Combien de temps dure une rééducation ? Quels sont les résultats que je peux espérer obtenir ? etc…
Tant de questions et d’interrogations, dont je vais tenter de répondre….

On parle d’arthrose lorsque l’articulation en question ne dispose plus de cartilage articulaire suffisant, pour assurer le glissement optimal des structures la composant. L’apparition d’ostéophytes et de géodes est incontournable lorsque l’arthrose s’aggrave. Source : chirurgie orthopédique Nice.
– Se préparer avant l’intervention –
Il est indispensable de préparer non seulement l’épaule mais également les membres supérieurs (musculature, articulations,…) ainsi que les membres inférieurs afin d’assurer le succès de cette intervention.
En effet, le phénomène inflammatoire et le délai d’attente avant la prise de décision d’une intervention entraine inévitablement une usure des tendons et des muscles qu’il faut redynamiser afin d’optimiser la récupération.
Par ailleurs, cette opération limitera la mobilité articulaire du membre supérieur opéré, un certain temps. Il est donc essentiel que les autres segments fonctionnent de manière optimale pour suppléer aux tâches de la vie quotidienne, le temps de la récupération.
La bonne tonification des membres inférieurs et un travail d’équilibre postural est primordial puisqu’il faut éviter tout facteur pouvant induire une chute potentielle.
Notons qu’en fonction des résultats obtenus par l’arthroscanner, la radiographie, l’IRM et l’examen clinique de la musculature (encore) fonctionnelle, le chirurgien orthopédiste choisira un des 3 types de prothèse d’épaule existante.
Quelle type de prothèse ?
- En cas de maladie dégénérative, telle que la polyarthrite rhumatoïde où seule les structures tendineuses sont principalement atteintes et les structures osseuses de manière secondaire (hypersollicitées par un manque de stabilité), le chirurgien choisira de placer simplement une prothèse humérale (Hémiarthroplastie). Notons que chez le patient jeune, le chirurgien choisira également ce type de prothèse.
- Si les muscles de la coiffe des rotateurs sont intacts, le chirurgien choisira de placer une prothèse totale d’épaule anatomique (à glissement), puisque la stabilité de l’épaule est optimale.
- Si les muscles de la coiffe des rotateurs ne sont plus fonctionnels, le chirurgien choisira de placer une prothèse totale inversée (ou semi-contrainte) afin d’utiliser la fonction motrice du muscle Deltoïde. On retrouvera principalement ce cas de figure chez le patient âgé ou ayant subit une dégénérescence des muscles de la coiffe des rotateurs (rupture tendineuse d’un des constituants notamment).
Les 3 types prothèses d’épaule : humérale simple, totale à glissement ou totale à semie-contrainte. En fonction du capital musculaire fonctionnel restant, le chirurgien choisira la prothèse adaptée.
La prothèse d’épaule en question
La prothèse est constituée de 3 éléments :
- Une tige humérale (Cimentée ou non, dans le corps de l’humérus).
- Une tête humérale faisant suite à la tige humérale. Elle sera en forme de demie sphère :
- Arrondie (en acier inoxidable) –> Prothèse totale d’épaule à glissement
- Creusée (en polyéthylène) –> Prothèse totale d’épaule semi contrainte
- La glénoïde (surface articulaire au niveau de l’omoplate) visée sur l’os en :
- Non présente (si prothèse humérale simple)
- Polyéthylène (si la tête humérale est en acier)
- Acier (si la tête humérale est en polyéthylène)
Le déroulement de l’intervention chirurgicale

Intervention chirurgicale pour une prothèse d’épaule.
L’intervention chirurgicale pour la mise en place d’une prothèse d’épaule dure entre 1h et 1h30.
L’opération se fera en plusieurs étapes :
- Incision de la peau sur une longueur d’environ 15 cm au niveau de la face antérieure de l’épaule (= Voie delto-pectorale).
- Ecartement du muscle deltoïde et du muscle pectoral
- Incision du sous scapulaire (qui sera réparé en fin d’intervention).
- Résection des ostéophytes et des géodes puis préparation de la tête humérale (section) et de la cavité glénoïde (creusement).
- Mise en place de la prothèse humérale (impactée dans le corps de l’humérus)
- Mise en place de la prothèse glénoïdale (vissée)
- Vérification de la bonne congruence des éléments entre-eux, et du respect de la biomécanique de l’articulation.
- Mise en place du drain permettant la collecte du sang non aspiré pendant l’intervention, évitant ainsi l’apparition d’une hématome compliquant la rééducation.
- Suture du muscle sous scapulaire, avec des fils resorbables et du plan cutané par des fils ou agrafes.
– Après l’intervention –

Écharpe d’immobilisation à porter pendant 6 semaines après l’intervention. Source : www.proteor.fr
Immédiatement après l’opération, votre bras sera immobilisé (coude au corps), dans une écharpe, pendant une durée de 3 semaines minimum. Le kinésithérapeute (spécialisé en revalidation orthopédique) mobilisera votre épaule de manière passive pendant une durée de 3 semaines. Les muscles de l’avant bras et de la main seront également mobilisés et rapidement sollicités de manière active afin d’éviter un enraidissement de ceux-ci.
A partir de la 3e semaine, le kinésithérapeute entamera la rééducation activo-passive (actif aidé) puis progressivement l’actif, avec l’autorisation du chirurgien et sous contrôle radiologique.
Pour des raisons économiques, les durées d’hospitalisation sont fixées à 3 à 4 jours.
A l’issue de cette hospitalisation, vous aurez le choix :
- De rentrer à votre domicile et de suivre une rééducation intensive (quotidienne) avec un kinésithérapeute spécialisé en revalidation orthopédique. Votre chirurgien orthopédiste vous recevra après 10 jours afin de retirer les points et les agrafes et suivre l’évolution de votre récupération au moyen d’imagerie médicale de contrôle et grâce à son examen clinique.
- D’être transféré dans un service de revalidation où vous serez suivi de manière biquotidienne par une équipe pluridisciplinaire (médecins revalidateurs, kinésithérapeutes et ergothérapeutes).
MON AVIS
Je vous encourage (grandement) à rester un minimum de 3 semaines au sein d’un service de revalidation. Une fois votre sortie de l’hôpital, après une revalidation, vous devez absolument poursuivre la thérapie avec un kinésithérapeute spécialisé en revalidation orthopédique pour continuer à progresser dans votre rééducation et améliorer votre autonomie.
Quelle est la durée de vie d’une prothèse d’épaule ?
La prothèse d’épaule s’use en moyenne en 15 à 20 ans. Notons qu’en fonction de votre l’utilisation quotidienne, professionnelle (non sportive), la durée de la prothèse peut être différente d’un individu à l’autre.
Quels résultats puis-je espérer après cette intervention ?
Un recul de 6 mois est nécessaire afin d’apprécier les résultats « quasi-définitifs » de l’intervention chirurgicale. Une évolution, un peu plus lente est encore possible jusqu’à la première année. Ces résultats seront bien entendu dépendant de votre assiduité et votre volonté, dans le cadre de votre rééducation.
On constate à l’issue de la rééducation, (et à condition que le dispositif ait été bien implanté et soit accepté par votre corps), la disparition de la symptomatologie douloureuse, une amélioration de l’amplitude articulaire dans tous les plans, ainsi qu’une augmentation de la force musculaire.
Quels sports et activités puis-je pratiquer après la mise en place d’une prothèse d’épaule (anatomique ou inversée) ?
Tous les sports n’induisant pas de contraintes sont possibles. Vous pourrez donc pratiquez :
- La natation (la brasse, le crawl et le dos étant chacun dépendant de l’amplitude récupérée lors de votre revalidation kinésithérapeutique) et l’aquagym
- Le vélo, le fitness et cours collectifs (sans soulèvement de charges !)
- La course à pied
- Golf, pêche, …
- Loisirs : Jardinage, bricolage, cuisine,…
J’attire votre attention sur le fait que cela concerne les patients ayant déjà eu une activité physique avant l’intervention chirurgicale.
– Conclusion –
Lorsque la symptomatologie douloureuse et la fonctionnalité du membre supérieur ont un impact sur votre quotidienne, il est pertinent de prendre contact avec un chirurgien orthopédiste afin d’établir un plan thérapeutique.
La prothèse d’épaule est l’alternative lorsque le traitement conservateur ne fonctionne plus (injections de corticoïdes, injections d’acide hyaluronique, traitement kinésithérapeutique avec mobilisation active, étirements et assouplissements…).
J’attire votre attention sur le fait de ne pas trop tarder un fois que la symptomatologie s’aggrave, afin d’obtenir les meilleurs résultats possibles après l’intervention. En effet, lorsque l’arthrose est à stade débutant, les structures moles (tendons de la coiffe des rotateurs notamment) sont encore relativement en bonne état. La mise en place d’une prothèse anatomique (à glissement) sera indiquée. Or, les résultats suite à la mise en place de cette prothèse sont supérieurs à ceux, après la mise en place d’une prothèse inversée à semi-contrainte.
Pour votre information, vous retrouvez ci-dessous, une vidéo explicative sur la prothèse d’épaule anatomique et la prothèse d’épaule inversée.
SIDIBE Mariam – Kinésithérapeute – Spécialisée en revalidation orthopédique – All right reserved