Incontinence urinaire ? Origines, causes et solutions !
Un bon nombre de femmes m’écrivent car elles souffrent d’incontinence urinaire (voire fécale) et aimerait trouver une solution définitive, afin de retrouver une certaine « dignité ».
En effet, les protections vendues dans le commerce, dépannent un temps…. mais ne résolvent absolument pas le problème. Bien au contraire ! En effet, elles vous confortent un temps avec leur design de plus en plus fin et discret, mais le problème d’incontinence est là, et malheureusement ne se résoudra pas si on ne le prend pas en charge.
Arrêtons donc de se cacher et traitons le problème de manière conservatrice tant qu’il est encore possible !
Cet article vous permettra, je l’espère, de trouver toutes les réponses à vos questions afin de vous diriger vers le bon spécialiste et pouvoir enfin retrouver votre santé.
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Vous n’êtes pas seule !
L’incontinence urinaire, touche en moyenne une femme sur deux, à l’âge de 55 ans. Son apparition est progressive, très rarement brutale (Par exemple, problème de commande motrice liée à une pathologie neurologique). L’incontinence urinaire pourrait en partie s’expliquée sur le fait qu’avec l’âge les fibres musculaires se transforment en tissu fibreux non contractile. Elle est définie comme « une perte involontaire d’urine par l’urètre », constituant un problème social ou d’hygiène et qui peut objectivement être démontrée » (Association française d’urologie).
Il existe 3 types d’incontinence urinaire :
- L’incontinence à l’effort, se définie comme une perte involontaire d’urine à l’effort (rire, toux, éternuements, sports et autres activités physiques), non précédée de la sensation de besoin. Elle est le plus souvent liée à une diminution du tonus des muscles de soutient de la vessie ou tout simplement une inefficacité des sphincters volontaires.
- L’incontinence par urgence, se définie comme une perte involontaire d’urine, précédée d’une sensation de besoin, qui sera d’emblée urgente, et non inhibée par le sphincter volontaire (muscle élévateur de l’anus). On parle ici d’hyperactivité de la vessie. La vessie se vidange sans « avertissement ». Ce type d’incontinence peut être favoriser par un stimulus particulier. Exemple : Mettre sa clé dans la serrure de la porte d’entrée ou encore entendre de l’eau s’écouler ou encore une infection urinaire.
- L’incontinence mixte, se caractérise par la présence concomitante des 2 incontinences.
Les facteurs de risques
Nous sommes en permanence soumis à la pesanteur, cette force agit sur tous objets présents sur terre. Malheureusement (ou heureusement !), les organes du système urinaire n’y échappent pas. Voici quelques facteurs favorisant l’incontinence urinaire, lesquels s’ajoutent donc à la force d’attraction terrestre.
Tout d’abord, il semblerait qu’il existe une relation de corrélation entre l’incontinence urinaire et l’âge (Prévalence et facteurs de risque de l’incontinence urinaire chez la femme jeune ; Peyrat; 2002).
L’effet du sport intensif ainsi que le port de charges lourdes (et de manière répétitive), ainsi que l’obésité peuvent avoir un impact non négligeable, dans l’apparition d’une incontinence à l’effort.
Par ailleurs, une mauvaise alimentation, c’est à dire pauvre en fibres, favorise la constipation et donc l’augmentation de la pression abdominale. Il en résulte, durant la phase de poussée, non seulement un dysfonctionnement du tonus des muscles sphinctériens mais également l’étirement des muscles de soutient de la vessie.
De plus, un statut hormonal non contrôlé, en particulier, durant la période de la ménopause peut jouer un rôle, dans la qualité des tissus musculaires de soutient, sensibles aux taux hormonaux.
Notons qu’une posture enroulée vers l’avant ou courber vers l’arrière témoigne d’une hypotonie de la sangle abdominale, laquelle est le terrain favorable à l’apparition de descentes d’organes par manque de maintient du contenu abdominal (organes digestifs et périnéaux).
Enfin, les grossesses et les accouchements (par voie basse) ainsi que l’hystérectomie semblent favoriser très largement l’apparition d’incontinence urinaire à l’effort. Soulignons toutefois, qu’un accouchement par césarienne ne semble pas constituer un facteur de risque d’incontinence supérieur à une femme nullipare.
Mon problème vient de mon périnée ou de ma sangle abdominale ?
Il est important de distinguer 2 choses :
1/ Votre périnée
Comparable à une porte ayant une double sécurité. En effet, le périnée est controlé par un sphincter involontaire, (lequel s’ouvre automatiquement lorsque la vessie est relativement pleine), et un sphincter volontaire (permettant de maintenir le contenu de la vessie, pendant un laps de temps limité, afin de trouver un endroit approprié pour la vidanger).
La force des muscles du périnée constitue donc la capacité de fermeture de la porte de sortie, c’est à dire la capacité de fermeture des sphincters, empêchant l’apparition de fuites urinaires (et fécales).
En cas de pathologie, on parlera de troubles de la statique pelvienne.
La rééducation gyneco-sphinctérienne (rééducation périnéale) a toute sa place pour l’incontinence urinaire d’urgence, mais également en cas d’incontinence urinaire à l’effort si l’origine du problème vient de la capacité de fermeture du sphincter volontaire, commandé par le muscle élévateur de l’anus.
L’examen clinique se fera via le médecin urologue ou le gynécologue, au moyen d’un toucher vaginal.
Si celui-ci ne donne rien de concluant, en cas de doute, ou lorsque le traitement conservateur n’a pas fonctionné, un examen urodynamique peut être proposé. Cet examen consiste à mesure le débit (débitmètre), la pression dans le vessie lorsque celle-ci est remplie (cystomanométrie), et la tonicité du sphincter volontaire, au moyen d’une sonde (Profilométrie). Par ailleurs, d’autres examens tels que la cystographie, l’urétrocystoscopie ou encore la cytologie urinaire peuvent être effectués pour aller plus loin dans le diagnostic.
Notons que, si votre périnée possède un tonus de base tout à fait « normal » et fonctionnel (en position couchée), mais que vous avez malgré tout, des problèmes d’incontinence, alors travailler la pression exercée sur le périnée trouvera tout son sens. On parlera, dans ce cas de rééducation abdominale. Le but de cette rééducation sera de soulage (le poids) sur le périnée.
Sachez toutefois, qu’un problème de statique pelvienne peut apparaitre suite à une hypotonie des muscles abdominaux de long terme et non soignée.
2/ Votre sangle abdominale
Comparable à une ceinture qui maintient vos lombaires et les organes en suspension (en collaboration avec le diaphragme), dans la cavité abdominale.
Cette rééducation à toute sa place lorsque l’incontinence urinaire à l’effort n’est pas liée à une insuffisance sphinctérienne, mais plutôt à une descente d’organes, on parlera dans ce cas, de prolapsus.
L’origine d’un prolapsus est multifactorielle : mauvaise posture, obésité, constipation, port de charges répétitifs sans contraction des muscles abdominaux,…
Par ailleurs, dans la mesure où les muscles abdominaux profonds se contractent en synergie, avec les muscles du périnée, la rééducation abdominale représente une solution complémentaire, à le résolution de l’incontinence urinaire à l’effort.
Autrement dit, la sangle abdominale, va permettre de maintenir les organes suffisamment « haut et vers l’arrière » afin qu’ils ne viennent pas s’écraser sur la porte de sortie, c’est à dire le périnée. Il en résulte une diminution de la pression sur le vessie et par conséquent l’importante diminution si ce n’est pas la fin des fuites urinaires. En effet, si votre porte de sortie (périnée) est parfaitement fermée, c’est à dire avec une bonne tonicité mais que les organes poussent vers le bas, aidés par la pesanteur, alors c’est comme si on « forçait » une porte.
Notez qu’une descente d’organe est visible à l’échographie par le gynécologue.
Les solutions conservatrices
La rééducation conservatrice est toujours proposée en première intention.
En cas de troubles de la statique pelvienne, la rééducation consistera à une série d’exercices ayant pour but de renforcer le plancher pelvien, tant au niveau du tonus de bas (au repos), que lors de la contraction volontaire.
La méthode de Kegel, c’est à dire la contraction active des muscles du périnée couplée à l’électrostimulation (méthode biofeedback) apportent d’excellents résultats sur l’incontinence urinaire à l’effort. Une simple contraction liée à une électrostimulation seule n’apportera malheureusement pas autant d’efficacité. Enfin, les cônes vaginaux, communément appelés boules de Geisha, permettent de stimuler de manière réflexe les muscles du périnée et par conséquent améliorent l’incontence urinaire à l’effort.
En revanche, lors d’une incontinence urinaire d’urgence, l’électrostimulation seule d’une part mais également une thérapie comportementale permettent d’obtenir de bons résultats.
En cas d’hypotonie de la sangle abdominale, il est indispensable de travailler la musculature profonde afin de diminuer la pression favorisant la descente des organes vers le bas et vers l’avant.
Plusieurs techniques peuvent être utilisées, telles que la Méthode De Gasquet ou encore la Méthode Caufriez.
Ces techniques ont pour dénominateur commun, la diminution de la pression abdominale et favoriser l’ascension des organes digestifs et pelviens (vers le haut et l’arrière).
Par ailleurs, ces méthodes mettent en évidence l’importance de la posture dans la diminution de la pression abdominale ainsi que la normalisation du pattern respiratoire. Enfin, ces techniques favorisent le massage des organes aidant ainsi à un meilleur transit et une relance de la circulation sanguine au sein de l’abdomen.
Qu’il s’agisse de la rééducation périnéo-sphinterienne ou abdominale, notons qu’il est indispensable de travailler de manière régulière afin d’obtenir de bons résultats. Cela ne prend que quelques minutes par jour et permet de faire la différence en très (très) peu de temps.
La chirurgie
Lorsque les techniques conservatrices n’ont pas fonctionné, il est possible de se tourner vers la chirurgie.
Voici quelques interventions proposées pour résoudre des problèmes d’incontinence urinaire à l’effort :
- L’intervention TVT ou TOT auront pour objectifs de remplacer les muscles de soutient du périnée, au moyen d’une bandelette sous urétrale.
- La colposuspension par laparoscopie (technique la moins invasive), consistera à réaliser un coude au niveau du col vésical. Cette intervention sera proposée si la mise en place d’une bandelette n’est pas possible.
- Le sphincter articiel ou encore les ballons péri-urétraux permettront de résoudre le problème en cas d’incontinence urinaire directement liée à une insuffisance sphinctérienne.
Pour plus d’informations :
https://www.urofrance.org/congres-et-formations/formation-initiale/referentiel-du-college/incontinence-urinaire.html
Pour de plus amples questions ou pour une prise en charge personnalisée, n’hésitez pas à me contacter.
SIDIBE Mariam – Kinésithérapeute – Spécialisée en rééducation péri-natale et chaines musculaires – All right reserved